La vie d'Edgar Allan Poe n'est plus � raconter: ses derniers traducteurs fran�ais, s'inspirant des travaux d�finitifs de son nouvel �diteur J.H. Ingram, l'ont �loquemment veng� des calomnies trop facilement accept�es sur la foi de son ami et ex�cuteur testamentaire, Rufus Griswold. En d�pit de ses mensonges, Edgar Poe reste pour nous et restera pour la post�rit�, de plus en plus admiratrice de son g�nie, ce que l'a si bien d�fini notre Baudelaire:�Ce n'est pas par ses miracles mat�riels, qui pourtant ont fait sa renomm�e, qu'il lui sera donn� de conqu�rir l'admiration des gens qui pensent, c'est par son amour du Beau, par sa connaissance des conditions harmoniques de la beaut�, par sa po�sie profonde et plaintive, ouvrag�e n�anmoins, transparente et correcte comme un bijou de cristal,-par son admirable style, pur et bizarre,-serr� comme les mailles d'une armure,-complaisant et minutieux,-et dont la plus l�g�re intention sert � pousser doucement le lecteur vers un but voulu,-et enfin surtout par ce g�nie tout sp�cial, par ce temp�rament unique, qui lui a permis de peindre et d'expliquer d'une mani�re impeccable, saisissante, terrible, l'exception dans l'ordre moral.-Diderot, pour prendre un exemple entre cent, est un auteur sanguin; Poe est l'�crivain des nerfs, et m�me de quelque chose de plus-et le meilleur que je connaisse.�Ajoutons que ce fut une bonne fortune exceptionnelle pour Edgar Poe de rencontrer un traducteur tel que Baudelaire, si bien fait par les tendances de son propre esprit pour comprendre son g�nie, et le rendre dans un style qui a toutes les qualit�s de son mod�le. Pour notre part, nous ne parcourons jamais son admirable traduction sans regretter vivement qu'il n'ait pas assez v�cu pour achever toute sa t�che.
Description:
La vie d'Edgar Allan Poe n'est plus � raconter: ses derniers traducteurs fran�ais, s'inspirant des travaux d�finitifs de son nouvel �diteur J.H. Ingram, l'ont �loquemment veng� des calomnies trop facilement accept�es sur la foi de son ami et ex�cuteur testamentaire, Rufus Griswold. En d�pit de ses mensonges, Edgar Poe reste pour nous et restera pour la post�rit�, de plus en plus admiratrice de son g�nie, ce que l'a si bien d�fini notre Baudelaire:�Ce n'est pas par ses miracles mat�riels, qui pourtant ont fait sa renomm�e, qu'il lui sera donn� de conqu�rir l'admiration des gens qui pensent, c'est par son amour du Beau, par sa connaissance des conditions harmoniques de la beaut�, par sa po�sie profonde et plaintive, ouvrag�e n�anmoins, transparente et correcte comme un bijou de cristal,-par son admirable style, pur et bizarre,-serr� comme les mailles d'une armure,-complaisant et minutieux,-et dont la plus l�g�re intention sert � pousser doucement le lecteur vers un but voulu,-et enfin surtout par ce g�nie tout sp�cial, par ce temp�rament unique, qui lui a permis de peindre et d'expliquer d'une mani�re impeccable, saisissante, terrible, l'exception dans l'ordre moral.-Diderot, pour prendre un exemple entre cent, est un auteur sanguin; Poe est l'�crivain des nerfs, et m�me de quelque chose de plus-et le meilleur que je connaisse.�Ajoutons que ce fut une bonne fortune exceptionnelle pour Edgar Poe de rencontrer un traducteur tel que Baudelaire, si bien fait par les tendances de son propre esprit pour comprendre son g�nie, et le rendre dans un style qui a toutes les qualit�s de son mod�le. Pour notre part, nous ne parcourons jamais son admirable traduction sans regretter vivement qu'il n'ait pas assez v�cu pour achever toute sa t�che.