En quelques mots, on y est. Cuba, La Havane, comme un regret sans fond,
comme la musique d’un vieux boléro. Un doigt de rhum Carta Blanca
(quand il en reste), soleil de plomb, solitude. Magie des décors qui
n’ont pas besoin de description, ou si peu. Les héros de Padura sont des
tendres ; ils se heurtent à la société, au destin, au temps qui passe ;
à ce désir qu’ont les choses, souvent, d’arriver contre notre gré, sans
nous consulter. Ainsi, les toits qui s’effondrent, les pénuries de
rhum, le départ intempestif d’êtres aimés. On trouve de tout dans ce
recueil de nouvelles, amours bêtement gâchées, soldat en fin de mission à
Luanda, archange noir, nuits torrides, jeunes gens désœuvrés,
fonctionnaires désabusés, souvenirs cuisants... On trouve surtout le sel
des romans de Leonardo Padura, sa marque de fabrique : l’humanité qui
irradie à chaque ligne, la nostalgie des vies qu’on ne vit pas, et l’art
suprême de nous plonger dans une île qu’on emporte toujours avec soi.
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