Dans la guerre

Alice Ferney

Language: French

Publisher: Actes Sud

Published: Jun 15, 2003

Description:

1914. La guerre éclate et personne n’y croit. Personne ne croit à sa durée, à la douleur et à la violence, et personne n’imagine combien d’hommes vont périr, combien reviendront quatre ans plus tard avec un ineffable effroi dans les yeux. La jeune Félicité n’y croyait pas non plus, à la guerre, et maintenant que Jules, son mari, est parti, elle ne croit pas qu’il pourrait ne pas revenir. Elle l’attend donc, élevant leur tout jeune enfant et accomplissant son travail de paysanne, alors même qu’elle est en butte à la sourde hostilité d’une belle-mère jalouse. 
Félicité et Jules ne sont pas les seuls protagonistes du drame qu’Alice Ferney a mis en scène dans son roman, il y a aussi Prince, leur chien. Ce Colley, incapable de comprendre et de supporter l’absence de son maître, traverse la France entière pour le rejoindre. Arrivé au front, il apprend avec Jules l’art de tuer et la manière de transmettre des messages quand les soldats ne peuvent passer sous le feu. Incarnation même de la fidélité, Prince comprend alors comment l’homme qui souffre laisse en lui renaître la bête. 
Dans la guerre, toutes les guerres sont présentes. Au fil de pages haletantes, alors qu’elle fait entendre le chant d’agonie d’un monde chancelant sous les coups de ceux qui sèment sang et désespoir, Alice Ferney fait aussi voir avec émotion comment se tissent de nouveaux et précieux liens entre compagnons d’armes, entre mari et femme, entre parents et enfants, entre l’homme et l’animal. Et ainsi, par cette chronique de la désolation, écrite avec une grave ferveur, nous fait-elle entendre en contrepoint un autre chant, un chant d’amour et d’innocence.

Jules avait refermé la porte derrière lui. Il était resté quelques secondes l'oreille collée au bois, écoutant le silence qui s'était fait dans sa chambre. Il n'entendait rien. Alors seulement il était parti, et la bête soumise, blessée par chaque pas du maître qui s'éloignait, s'était mise à souffrir. Qui a le pouvoir de retenir un soldat ? Pas même la souffrance d'un cœur. Et pas un enfant. Et pas l'amour d'une femme. Que dire de celui dont la détresse sans mots est un silence ? Alors les femmes restèrent seules.