Chapitre premier: - Le Crime de l'Auberge du "Soleil Noir:" - Il était dix heures du soir et depuis longtemps déjà il n'y avait plus "âme qui vive" dans les rues de Saint Martin des Bois. Pas une lumière aux fenêtres, car les volets étaient hermétiquement clos. On eût dit le village abandonné. Enfermés chez eux bien avant le crépuscule, les habitants n'eussent consenti, pour rien au monde, à débarricader leurs demeures avant le jour. Tout semblait dormir quand un grand bruit de galoches et de souliers ferrés retentit sur les pavés sonores de la rue Neuve. C'était comme une foule qui accourait; et bientôt l'on perçut des voix, des cris, des appels, des explications entre gens qui venaient d'on ne sait où. Pas un volet, pas une porte ne s'ouvrit au passage bruyant de cette troupe inattendue. Chacun était encore sous le coup des deux assassinats de Lombard, le barbier du cours National, et de Camus, le tailleur de la rue Verte, suivant toute une série d'évènements, tantôt tragiques, tantôt sinistrement comiques et souvent inexplicables. On n'osait plus s'attarder sur les routes où de riches paysans, au retour des grands marchés de Châteldon et de Thiers, avaient été attaqués par des bandits masqués et avaient dû, pour sauver leur vie, se défaire de tout leur argent. Quelques cambriolages, d'une audace extraordinaire, perpétrés sous le nez des propriétaires sans que ceux-ci osassent protester, avaient été le point de départ d'enquêtes judiciaires qui, menées d'abord mollement, n'avaient abouti à rien de sérieux. Cependant quand, après les attaques nocturnes, les incendies, les vols qualifiés et autres larcins, survinrent ces deux extraordinaires assassinats de Camus et de Lombard, la justice se vit dans la nécessité de pousser les choses à fond. Elle menaça les plus timides pour les faire parler. Ils se seraient plutôt laissé arracher la langue. Certes ! la justice ne pouvait plus ignorer vers qui allaient les soupçons de tout le pays, mais elle dut renoncer à recueillir un témoignage lui permettant d'inculper qui que ce fût. Et le mystère des derniers crimes s'en trouva épaissi d'une bien singulière façon. Et c'était le comble qu'à côté d'affreux coups de force, il y eut des farces..... des farces extravagantes qui épouvantaient comme un attentat........
Description:
Chapitre premier: - Le Crime de l'Auberge du "Soleil Noir:" - Il était dix heures du soir et depuis longtemps déjà il n'y avait plus "âme qui vive" dans les rues de Saint Martin des Bois. Pas une lumière aux fenêtres, car les volets étaient hermétiquement clos. On eût dit le village abandonné. Enfermés chez eux bien avant le crépuscule, les habitants n'eussent consenti, pour rien au monde, à débarricader leurs demeures avant le jour. Tout semblait dormir quand un grand bruit de galoches et de souliers ferrés retentit sur les pavés sonores de la rue Neuve. C'était comme une foule qui accourait; et bientôt l'on perçut des voix, des cris, des appels, des explications entre gens qui venaient d'on ne sait où. Pas un volet, pas une porte ne s'ouvrit au passage bruyant de cette troupe inattendue. Chacun était encore sous le coup des deux assassinats de Lombard, le barbier du cours National, et de Camus, le tailleur de la rue Verte, suivant toute une série d'évènements, tantôt tragiques, tantôt sinistrement comiques et souvent inexplicables. On n'osait plus s'attarder sur les routes où de riches paysans, au retour des grands marchés de Châteldon et de Thiers, avaient été attaqués par des bandits masqués et avaient dû, pour sauver leur vie, se défaire de tout leur argent. Quelques cambriolages, d'une audace extraordinaire, perpétrés sous le nez des propriétaires sans que ceux-ci osassent protester, avaient été le point de départ d'enquêtes judiciaires qui, menées d'abord mollement, n'avaient abouti à rien de sérieux. Cependant quand, après les attaques nocturnes, les incendies, les vols qualifiés et autres larcins, survinrent ces deux extraordinaires assassinats de Camus et de Lombard, la justice se vit dans la nécessité de pousser les choses à fond. Elle menaça les plus timides pour les faire parler. Ils se seraient plutôt laissé arracher la langue. Certes ! la justice ne pouvait plus ignorer vers qui allaient les soupçons de tout le pays, mais elle dut renoncer à recueillir un témoignage lui permettant d'inculper qui que ce fût. Et le mystère des derniers crimes s'en trouva épaissi d'une bien singulière façon. Et c'était le comble qu'à côté d'affreux coups de force, il y eut des farces..... des farces extravagantes qui épouvantaient comme un attentat........