Le Lotisement du ciel

Blaise Cendrars

Language: French

Publisher: Hairbrush - TAZ

Description:

Formats : epub, mobi, odt
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Le Lotissement du ciel déconcerta les lecteurs de 1949. Ouvert cinq ans plus tôt par L'Homme foudroyé, le cycle des Mémoires s'achevait sur le volume assurément le plus secret de la série. On se heurte partout à l'énigme dans un livre où tout s'envole dans une atmosphère de fin du monde, les saints comme les oiseaux, les aviateurs comme le Verbe créateur des mystiques ou des anciens Lémuriens.
Si elle avait de quoi surprendre les amateurs d'aventure, cette rencontre improbable d'un saint volant et d'un fazendeiro fou d'amour confirme que la bourlingue chez Cendrars n'est qu'une des formes de la contemplation.
 
-------------------------------A qui dois-je ce moment d'interlocation totale - si ce mot existe - et s'il existe pas, ben voilà, c'est fait je l'ai inventé - ?             A Hairbrush - qui me l'a offert pour mes noces de diamant            Grâces lui soient rendues!            Eh oui, j'aime bien crier sur tous les toits le nom de celui qui m'a offert un livre.                                Détail important : la réalisation n'est pas parfaite. Quelques coquilles, quelques mots avec traits d'union et une parenthèse ouverte, jamais refermée (Je crois bien que Calvino dans les "Leçons américaines" - ou ailleurs - préconisait la parenthèse
 ouverte à l'infini comme concept typographique … concept passionnant d'ailleurs si l'on y songe … que j'applique immédiatement. Voilà c'est fait : je ne la referme pas. Mais bon, malgré ces coquillettes, Kindle était ravie et moi aussi. Alors de quoi s'agit-il ? Va-t-on retrouver l'ami Blaise dans l'une de ses merveilleuses bourlingues autour du monde ?  Ben pas du tout. Amateurs de récits de voyage passez votre chemin. A vrai dire, je ne sais pas si c'est du lard ou du cochon. J'en suis encore toute esbaudie. Je vous laisse juges. 
Le texte pourrait se dire Les textes. Deux textes en réalité, une courte nouvelle et une plus longue. La première est insolite. Elle ressemble à un début de récit de voyage comme on les aime chez Cendrars mais tout porte sur la mort de volatiles que l'auteur rapporte par centaines du Brésil afin qu'un seul survive pour la joie d'une petite fille. Il crèvera juste après que l'enfant l'aura vu. Malaise. UndecidedTongue
Le second récit est très étrange. C'est la guerre. Les 2 fils de Blaise sont au front. L'un d'eux, l'aviateur, revient voir son père. Ils passent une journée à Paris. Blaise tâche de convaincre son fils d'adopter un Saint Patron des aviateurs. Il lui promet d'écrire la vie de Saint Joseph de Copertino (Patron des étudiants) parce qu'outre le don de réussir aux examens en dépit de sa déficience cérébrale, Saint Joseph avait encore le don de s'élever dans les airs (la lévitation comme transportation aérienne au 11ème siècle selon Cendrars … )
A la suite de ça, entre-coupé d'aperçus de ce qu'est la guerre vue par Cendrars, correspondant pour l'armée britannique, un défilé ahurissant de descriptions d'extases élévatrices - celles de Saint Joseph mais aussi de Thérèse d'Avila et de Saint Jean de la Croix et de tous les Saints qui ont expérimenté ces sortes d'extases - constitue le corps du texte, traversé de loin en loin par une petite rengaine, presque une musique, presque une supplique : "ah si je pouvais rencontrer mon fils au front". Et cette rencontre se produit. La veille de la mort du jeune aviateur. Undecided

Alors, j'ai repassé le film à l'envers dans ma tête et je me suis posé la question de savoir de quoi parlait Cendrars : de la mort du dernier survivant des centaines de volatiles ? De la mort de son fils aviateur ? Ou de la vie et des lévitations de Saint Joseph de Copertino y consorts ? 

C'est confus. D'autant que pour finir, Cendrars lance un appel d'offre : il est prêt à tout pour faire un film sur Saint Joseph de Copertino en mémoire de son fils [sic]Huh

Je peux comprendre la douleur, je peux comprendre l'égarement. Et je peux également comprendre la métaphore. Mais là, quelque chose n'est pas à sa place. "Ça bat de l'aile” comme qui dirait ou bien l'esprit de Cendrars bat la campagne et paradoxalement, c'est ÇA qui fait TOUT l'intérêt de ce très curieux ouvrage. Idea

Je ne fais pas partie des lecteurs qui aiment s'instruire en lisant. Tout ce que j'ai appris sur Joseph et autres miraculés, je vais m'empresser de l'oublier - si ce n'est déjà fait. Pas de place pour ça dans mon cerveau. Mais pour ceux qui aiment, y a de quoi faire ! Big Grin Cendrars s'est parfaitement documenté et il cite ses sources. C'est donc a priori, très intéressant. Moi ça ne m'intéresse pas mais y a. Ce qui m'intéresse c'est la geste. Pourquoi cette vie de Saint Volant/Volatile, ces volatiles/volatiles, et ce fils volant/disparaissant volatile lui aussi, se trouvent-ils soudain compactés en une seule figure, celle de Saint Joseph de Copertino ? La rencontre entre Cendrars et Saint Joseph si l'on en croit le fil du récit, est antérieure à la mort de son fils. Il y aurait eu synchronicité ? Cendrars travaillant sur le saint volant et son fils se volatilisant en volant ?

Ou alors, renversement de perspective : comme Stephen King qui commence ses récits par un "Et SI ?" Idea

Et si … 
Rémy, le fils aviateur était mort et que son père, Cendrars, avait cherché, trouvé, puis élaboré, après sa mort, une figure qui puisse le représenter, ou plutôt l'incarner, parfaitement ? Et si la construction de Cendrars était postérieure à la mort de son fils ? le texte - ou plutôt la fusion des deux textes - prendrait tout son sens comme symbolique du vol et de la volatilisation et des volatiles. 

C'est plutôt comme ça que j'ai décidé de l'ingurgiter. Ce n'est pas l'interprétation la plus plausible mais c'est celle qui me satisfait le plus. 

Il y a malgré cette construction déconcertante, une profusion de mots qui donnent envie de les noter. C'est rare de découvrir autant de vocabulaire dans un seul texte. Des mots incroyables, des mots jamais vus, des inconnus. Ajoutez quelques descriptions d'oiseaux ou de migrations humaines dans la France en guerre qui représentent des pages d'anthologie, rien que pour ça, et pour le reste aussi d'ailleurs, ce livre difficile qui ne ressemble à rien de connu, cet objet littéraire inclassable, vaut certainement la peine d'être lu.

Angel

Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric Louis Sauser, est un écrivain français d'origine suisse, né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds, dans le canton de Neuchâtel (Suisse). Il est mort à Paris le 21 janvier 1961. À ses débuts, il a brièvement utilisé les pseudonymes de Freddy Sausey, Jack Lee et Diogène.
 
Dès l'âge de 17 ans, il quitte la Suisse pour un long séjour en Russie puis, en 1911, il se rend à New York où il écrit son premier poème Les Pâques (qui deviendra Les Pâques à New York en 1919). Il le publie à Paris en 1912 sous le pseudonyme de Blaise Cendrars, qui fait allusion aux braises et aux cendres permettant la renaissance cyclique du phénix. En 1913, il fait paraître son poème le plus célèbre, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Dès le début de la guerre de 14-18 il s'engage comme volontaire étranger dans l'armée française avant d'être versé dans la Légion étrangère. Parmi ses compagnons d'armes de la Légion figure notamment Eugene Jacques Bullard, premier pilote noir des Forces Alliées à partir de 1917. Gravement blessé le 28 septembre 1915, Cendrars est amputé du bras droit. Il écrit sur cette expérience, de la main gauche, son premier récit en prose : une première version de La Main coupée.
 
Le 16 février 1916, il est naturalisé français. Écrivant désormais de la main gauche, il travaille dans l'édition et délaisse un temps la littérature pour le cinéma, mais sans succès.
Lassé des milieux littéraires parisiens, il voyage au Brésil à partir de 1924.
 
En 1925, il s'oriente vers le roman avec L'Or, où il retrace le dramatique destin de Johann August Sutter, millionnaire d'origine suisse ruiné par la découverte de l'or sur ses terres en Californie. Ce succès mondial va faire de lui, durant les années 1920, un romancier de l'aventure, que confirme Moravagine en 1926. Dans les années 1930, il devient grand reporter.
 
Correspondant de guerre dans l'armée anglaise en 1939, il quitte Paris après la débâcle et s'installe à Aix-en-Provence puis, à partir de 1948, à Villefranche-sur-Mer. Après trois années de silence, il commence en 1943 à écrire ses Mémoires : L'Homme foudroyé (1945), La Main coupée (1946), Bourlinguer (1948) et Le Lotissement du ciel(1949). De retour à Paris en 1950, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française. Victime d'une congestion cérébrale le 21 juillet 1956, il est mort des suites d'une seconde attaque le 21 janvier 1961.
 
L'œuvre de Blaise Cendrars, poésie, romans, reportages et mémoires, est placée sous le signe du voyage, de l'aventure, de la découverte et de l'exaltation du monde moderne où l'imaginaire se mêle au réel de façon inextricable. Le fonds d'archives de Blaise Cendrars se trouve aux Archives littéraires suisses à Berne.